Traverser cette période de changements

Bonjour,

Nous abordons la fin de la 6è semaine de confinement. Après une période d’adaptation à des nouveaux rythmes de vie, vous avez peut-être essayé de mettre en place des rituels, des changements pour vous, et vos proches si vous n’êtes pas seul.e. Par mes contacts, je mesure combien nous vivons chacune, chacun, des situations très différentes et me revient en tête  la discussion avec une femme qui, une semaine sur deux vit avec ses enfants. Elle m’expliquait sa difficulté à s’adapter et à faire face à la solitude (qu’elle n’avait jamais ressentie de manière aussi puissante) durant l’absence des siens . Il n’est pas facile de comprendre ce que vit l’autre.

Pour être dans l’acceptation de ces bouleversements,  j’observe combien le lâcher-prise peut nous aider. Dans le lâcher-prise, il y a deux verbes, lâcher et prendre.

Pour moi, « lâcher »a signifié accueillir mes peurs en mettant des mots et en les vivant dans le corps pour les laisser partir et ne pas les stocker. J’en ai eu de nombreuses. J’évoquerai celle liée à l’interruption de mon activité professionnelle et à mes rentrées d’argent, en diminution et donc la peur de manquer. Je sais que cette peur là est la mienne mais elle vient en partie de mon héritage puisque ma mère a vécu une période très difficile économiquement après la mort de son père. D’aucuns suggèrent aujourd’hui de transmuter les peurs de nos ancêtres ;  celle liée à la survie est particulièrement profonde pour les générations qui nous ont précédé. Une autre de mes peurs était celle de baisser les bras et de renoncer à mes projets en portant le masque de la victime « pas de ma faute, c’est à cause du gouvernement, du virus… ». Je sais que rentrer dans la spirale d’accuser quelqu’un ou quelque chose me fait vivre un processus d’où il est difficile de sortir. C’est un moyen de nier qu’il me revient de faire des choix et la question que l’on peut ainsi se poser est « quels sont mes choix ? »

Après 6 semaines, je peux commencer à mettre des mots sur ce que j’ai appris, gagner, pris (au sens du lâcher-prise) … D’abord je me suis souvenue que les changements dans ma vie ne se sont pas faits quand j’avais une maitrise des évènements ; « décrocher » le temps du confinement ne me mettait pas en danger. Apprendre à ne plus tout contrôler fut donc au rendez-vous. Et des propositions de travail sont apparues. Le résultat de l’une d’entre elles, est dans ce message. Une femme que j’ai accompagnée, m’a parlé des essais vidéos qu’elle faisait et m’a amené l’idée que nous fassions une vidéo sur son expérience, ensemble. J’ai pensé que nous n’y arriverions pas du fait des problèmes techniques.  Notre 4è rendez-vous fut le bon. Cette expérience m’a appris la patience, à faire confiance en la vie, en ma partenaire du jour et à mon ressenti . Elle m’a amené aussi à pratiquer les outils interactifs pour dialoguer via les écrans alors que j’avais peur de ne pas y arriver.

J’ai aussi mis en place les séances de coaching à distance et j’ai découvert, malgré mes croyances, que ça fonctionnait bien voire même très bien. Mes clientes lointaines en ont très vite perçus les bénéfices.

Côté personnel, j’ai réappris à vivre avec les miens, à m’adapter à des horaires, à prendre le temps de dialoguer sans les téléphones, à gagner en tolérance sur la manière de faire des autres. Et j’ai mis en pratique une des grandes qualités du Féminin, prendre soin des autres, je pense aux repas notamment. Ce ne fut pas tous les jours faciles et ce n’est pas pas terminé. Pour arriver à ce résultat, je sais qu’il est nécessaire que je prenne soin de moi pour pouvoir ensuite accueillir les autres et j’ai tenu bon. Ce n’est pas facile de dire son besoin ; j’ai réussi à faire une ballade régulière. Pour moi, c’est un temps de respiration en solitaire qui m’a souvent amener à prendre quelques minutes le long d’une rivière. L’eau est une énergie féminine puissante, elle est source de vie, elle purifie, régénère et le dialogue avec elle peut être nourrissant.

Les jours passent , les peurs se dissipent, les émotions, les  colères s’estompent à l’image de l’eau qui coule dans la rivière. La vie est mouvement, changement …

Pour finir, je réalise que cette lettre d’information m’a permis de faire un point sur le moment que je vis. Je n’imaginais pas à l’avance ce contenu qui m’a été inspiré par une rencontre hier avec mes collègues de la coopérative Mosaïque . Je vous souhaite de prendre le temps de faire le point sur  vos apprentissages, vos découvertes, ce qui vous anime et d’examiner les choix que vous avez pu faire.

Durant les prochains week-end prolongés, je vous invite à vous laisser porter par ce qui vient ou ne rien faire (à vous de décider quel sens vous donnez à cette expression), à vivre ces moments. L’inspiration, la créativité, l’observation de soi sont des belles qualités du Féminin. Elles ne viennent pas dans le tumulte. La détente, la lenteur, la douceur amènent des reconnexions à soi et nous amènent à vivre dans des énergies dont le monde a vraiment besoin.

Et si le confinement nous amenait un enthousiasme intérieur !

Belle connexion à vous

Colette